Autopromo épisode 2 : ce mois-ci, sort "Les Français, ces incompris". Une série d’enquêtes d’opinion conçues et disséquées par Usbek & Rica et Viavoice, en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès. Où l’on découvrira que nos compatriotes, petits poussins craintifs, ne demandent qu’à être pris au sérieux.
« Nos compatriotes sont encore trop réfractaires à la psychanalyse. La vraie névrose consiste d’ailleurs à croire que le Président ferait mieux d’écouter nos emmerdes au lieu de gérer Poutine. »
C’est le genre de phrase que vous pourrez lire dans Les Français, ces incompris, le nouvel essai paru ces jours-ci aux éditions de l’aube, de la bouche de mon ami et comparse Arnaud Zegierman, cofondateur de l’institut Viavoice. Pourquoi des « incompris » ? Parce que, bien que multi-sondés, bardés de capteurs, sujets de l’attention inquiète des experts et des politiques, ils échappent encore à une analyse claire et rationnelle. Et parce qu’eux-mêmes ont le sentiment tenace qu’on ne les comprend pas. Ce quiproquo, à la longue, est dangereux pour la démocratie. A force de se vivre comme d’éternels Calimero(s), ils risquent de se détacher complètement du corps social, voire pire, de se jeter dans les bras du premier démagogue venu (la première démagogue, en l’occurrence). Calimero, évidemment, ça ne parle pas aux plus jeunes d’entre nous. Héros du dessin animé mythique des 70’s, il est ce petit poussin rejeté par sa famille, craintif, immature et malchanceux, qui passe sa vie à se plaindre alors que tout le monde veut l’aider. Mignon mais exaspérant, il conclue chacune de ses aventures par cette punchline prononcée d’une voix zozotante : « C’est trop injuste » (variante : « c’est vraiment trop trop inzuste ») Bien que d’origine italienne, Calimero colle parfaitement à l’esprit français (preuve que les Italiens et nous ne sommes pas loin d’être le même peuple). C’est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus avec ce livre : quand on leur demande de nous dire comment ils vont, les Français n’ont que ce mot à la bouche : « injustice ». On ne me comprend pas. On me prend pour un con. On décide à ma place. On me rejette. Bizarre pour des gens qui vivent dans un pays de Cocagne, qui le savent, et qui ne voudraient vivre ailleurs pour rien au monde. Pourquoi tant d’incompréhension ?